Vu à la biennale Révélations : zoom sur la matière 1 !

Sandrine Zilli
sandrine@histoiredumobilier.com
Au début du parcours d’un artisan d’art, il y a souvent un coup de cœur pour une matière, qu’il apprend à connaître intimement au cours de son apprentissage et de sa pratique.

 

Nathalie et Solène Rolland-Huckel, laque et métal, œuvre à quatre mains

Mère et fille, installées en Alsace, ont collaboré à ce panneau décoratif de laque sur bois et laiton gravé. La première est maître laqueure – elle met notamment son talent au service de la maison Hermès –, la seconde artisane du métal.
Dès qu’ils en ont vu, les Occidentaux ont été fascinés par les objets de laque venus d’Extrême-Orient et ont naturellement tenté de les imiter. La matière première leur manquant, ils ont mis au point des vernis à base de copal, que l’on qualifie de « vernis Martin », du patronyme de frères vernisseurs installés à Paris au 18e siècle. C’est cette technique que pratique Nathalie Rolland-Huckel : une vingtaine de couches de laque, chacune poncée avant de recevoir la suivante. Solène, elle, a créé les fines plaques de  laiton gravées à l’eau-forte. Cette composition, encadrée de bois de palmier (travaillé par les ateliers Damien Lacourt) a l’élégance de l'art déco que l’on célèbre cette année. 

 

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Arte Chelita, dessin de paille

C’est dans la province de Nariño, dans les Andes colombiennes, que se trouve l’atelier Arte Chelita, fondé il y a 45 ans par Arturo Albornoz et aujourd’hui dirigé par sa fille Ximena. On y pratique une technique méconnue en Europe : le placage de paille (enchapado en tamo). Il s’agit de séparer les unes des autres les fibres constituant un brin de paille. Les fils ainsi obtenus sont un à un plaqués sur un support, en l’occurrence du bois de cèdre.
À l’excellence artisanale, Arte Chelita ajoute une dimension sociale en accordant une attention particulière à la formation des femmes.
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Font et Romani, la Savonnerie aujourd’hui

Charlotte Font et Charlotte Romani forment un duo de jeunes licières pratiquant la technique du tapis façon Savonnerie ; lauréates 2023 du prix de la Jeune Création Métiers d’art, remis lors du salon du Patrimoine.
Til signifie « vie » en akkadien, langue parlée et écrite il y a 4 000 ans en Mésopotamie. Les deux Charlotte réinterprètent à la fois la technique de la Savonnerie – associée aux monumentaux tapis d’époque Louis XIV – et les bas-reliefs mésopotamiens. Elles nous invitent dans le monde de Gilgamesh, peuplé de palmiers, de vases débordant d’eau, de paons et autres créatures. Point de départ de leur travail : la couleur, qu’elles élaborent en collaboration avec une teinturière-coloriste d’Aubusson, Nadia Petkovic.
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Rhino de Laura Demichelis, la rencontre du bronze et de l’émail

Bronzière formée à l’école Boulle, Laura Demichelis travaille aujourd’hui à Toulouse.
Source d’inspiration de Rhino : la gravure Rhinocéros d’Albrecht Dürer, peintre et graveur d’exception de la Renaissance. Comme dans l’œuvre de l’artiste allemand, l’étrange texture de la peau de cet animal capte notre attention. Laura Demichelis décline ce petit meuble de bronze selon les projets. Un exemplaire au plateau garni de cuir est entré dans les collections du Mobilier national. Elle a ici associé son talent à celui de l’émailleuse sur métaux Marie-Hélène Soyer qui a partiellement recouvert le bronze d’une couche d’émail bleu.
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