Style Louis XIV

de 1660 à 1700 environ
Le règne de Louis XIV est le plus long de l’histoire de France. Il s’étend sur 72 ans, de la mort de Louis XIII en 1643 jusqu’à celle de Louis XIV en 1715. L’expression « style Louis XIV » désigne le mobilier et la décoration des années 1660 à 1700 environ. Les dernières années du roi Soleil relèvent du style Régence.

Zoom sur le contexte historique 

Les premières années du règne de Louis XIV ont été bouleversées par la Fronde (1648-1653), révolte de parlementaires et de grands aristocrates matée par Mazarin. La mort du cardinal, en mars 1661, marque le début du règne personnel de Louis XIV. Il a 23 ans et se fait une haute idée de sa fonction et de sa personne, prenant pour emblème le soleil. La même année, la reine, Marie-Thérèse d’Autriche – infante d’Espagne – lui donne un héritier. Le règne commence sous les meilleurs auspices. Cependant, la situation financière du royaume est catastrophique ; Jean-Baptiste Colbert (1619-1683), ministre aux larges attributions, est chargé de l'assainir.


Le Bernin séjourne à Paris en 1665 à l’invitation du jeune Louis XIV qui souhaite lui confier l’agrandissement du Louvre – projet qui ne verra jamais le jour. À cette occasion, le roi accorde quelques séances de pose au maître italien. Résultat : un jeune souverain impérieux, regardant au loin. La tête tournée comme en mouvement ; les boucles très creusées des cheveux et l’envol de la draperie en font un bel exemple d’art baroque.


Le visage a été peint d’après nature sur une petite toile, par la suite intégrée à la grande. C’est bien celui d’un homme d’une soixantaine d’années tandis que les jambes, très fermes, sont idéalisées. Ce tableau est une proclamation du pouvoir du roi Soleil et, au-delà, de la dynastie des Bourbons. En effet, le sceptre et la main de justice représentés ont été réalisés en vue du sacre d’Henri IV à Chartres – les regalia étant alors retenus à Saint-Denis par les Ligueurs. Ce portrait a été commandé à un moment très important de l’histoire des Bourbons : Louis XIV venait d’imposer un de ses petits-fils, le duc d’Anjou, comme roi d’Espagne. Les Bourbons prenaient la relève des Habsbourg en Espagne. Avec ce portrait – qui doit beaucoup au Charles Ier d’Angleterre de van Dyck – Rigaud créé le modèle du portrait officiel qui va s’imposer aux cours européennes.


Un pays, un roi, une seule religion

Les soixante-douze ans du règne de Louis XIV sont marqués par un renforcement de l’autorité royale.
Pour éviter une nouvelle fronde, le roi entreprend de « domestiquer » la haute aristocratie, la contraignant à séjourner régulièrement auprès de lui et à suivre une étiquette draconienne. La noblesse attend désormais tout de son souverain : privilèges, honneurs, argent. Pour tenir son rang à la cour, elle dépense des sommes folles et s’endette. En 1682, la cour et le gouvernement sont officiellement fixés à Versailles, qui devient jusqu’en octobre 1789 la capitale politique de la France, de plus en plus coupée des réalités du pays. Les guerres sont quasi constantes, provoquant un fort endettement de la Couronne.
En 1685, en révoquant l’Édit de Nantes qui tolérait la pratique du protestantisme, Louis XIV impose le catholicisme à tous ses sujets – souvent par la coercition. Aucune opposition, qu’elle soit politique ou religieuse, n’est tolérée. Cependant, ce « roi de guerre » – l’expression est de l’historien Joël Cornette – s’entoure des meilleurs artistes, artisans, écrivains et musiciens : Louis le Vaux, Charles Le Brun, André Le Nôtre, Jules Hardouin-Mansart, André-Charles Boulle pour n’en citer que quelques-uns.