Commodes Louis XVI
Les commodes Louis XVI présentent une grande diversité de formes : massives ou plus légères, rectangulaires ou en demi-lune, à pieds hauts ou bas, à tiroirs ou à vantaux. Leurs pieds sont droits, mais beaucoup conservent des lignes courbes – côtés concaves ou angles du plateau de marbre arrondis par exemple.

Commode estampillée Riesener, acajou moiré, bronzes dorés et ciselés, dessus de marbre bleu Turquin, 1786 ; château de Versailles, Grands Appartements de la Reine, Salon des Nobles ©RMN-GP
Cette commode – à côtés concaves, angles à pans coupés et pieds en toupie – se trouve encore dans la pièce pour laquelle elle a été livrée au château de Versailles : le Salon des Nobles du Grand Appartement de la reine, à savoir son appartement d’apparat. Dans ce salon, Marie-Antoinette recevait les dames qui lui étaient officiellement présentées.

Commode estampillée RVLC (Roger Van der Cruse dit Lacroix), placage de satiné avec filets de houx, bronzes dorés, marbre blanc veiné de noir ; époque Louis XVI ; propriété du Louvre, conservée au château de Versailles ©RMN-GP
Les côtés de la commode de Roger Lacroix sont droits, mais la ligne courbe n’a pas disparu : angles du marbre arrondis, colonnes et pieds fuselés.
Ces deux exemples possèdent une caractéristique fréquente des commodes Louis XVI : une baguette de bronze doré divise la façade en trois parties.
Les panneaux de laques sont encore très appréciés sous le règne de Louis XVI.

Commode estampillée Claude-Charles Saunier, bâti de chêne plaqué d’ébène, d’acajou, de bois de rose et de panneaux de laque japonaise (de la fin du 17e s.), bronzes dorés ; vers 1780-1790 ; New York, The Metropolitan Musuem of Art, collection Jack et Belle Linsky, 1982

Commode estampillée Riesener, livrée à Versailles pour Marie-Antoinette ; bâti de chêne plaqué d’ébène et de laque du Japon, 1783 ; New York, The Metropolitan Musuem of Art, legs de William K. Vanderbilt, 1920
Cependant, le goût quasi exclusif pour l’acajou dès la dernière décennie du 18e siècle fera disparaître la laque sur le mobilier.
Quand il existe, le ressaut central est beaucoup moins prononcé que sur les commodes de l’époque Transition, de même que le motif en tablier de la partie inférieure (voir « commodes de style Transition »).
La commode est dite en demi-lune lorsque ses côtés sont convexes ; ils accueillent alors de petites armoires latérales.

Commode semi-circulaire estampillée Joseph Stockel (reçu maître en 1775), placage de bois de rose et marqueterie de divers bois, bronzes dorés, marbre de Carrare ; vers 1780-1790 ; Londres, Victoria and Albert Museum, don de sir Alfred Chester Beatty en souvenir de Mme Edith Beatty
Depuis la période Transition, on distingue commodes à tiroirs et commodes à vantaux.
La commode à tiroirs en comprend généralement trois. Les deux principaux ne sont pas séparés par une traverse.
La division en trois parties verticales trompe l’œil. Ce sont les poignées et les trous de serrure qui nous indiquent l’emplacement des tiroirs.
Un tiroir beaucoup moins haut se trouve sous le marbre ; il est généralement divisé en trois petits tiroirs.

Commode à tiroirs de la chambre de la comtesse de Provence dans son appartement du château de Versailles, estampillée Adam Weisweiler ; acajou et bronzes dorés, dessus de marbre blanc ; 1788 ; château de Versailles ©RMN-GP

Commode estampillée Riesener, livrée à Marie-Antoinette, bâti de chêne, placage de sycomore, d’amarante et d’épinette-vinette, marqueterie de divers bois précieux, bronzes dorés, marbre brèche d’Alep ; Paris, musée du Louvre, département des objets d’art ©Jean-Gilles Berizzi
Cette commode de grand luxe a été livrée pour un cabinet de Marie-Antoinette au château de Marly – on distingue le monogramme de la reine au centre de la frise courant sous le marbre.

Commode à vantaux estampillée Benneman, vers 1787 ; Paris, musée du Louvre ©Thierry Ollivier
Les trous de serrure sont au nombre de six : les trois petits tiroirs placés sous le marbre ferment tous à clé ; les deux grands tiroirs possèdent chacun une serrure – une au-dessus du nœud de bronze doré surmontant le médaillon ovale, l’autre dans la partie basse de ce médaillon.
La commode à vantaux
Les commodes à vantaux – nées à l’époque Transition – sont très appréciées. Les vantaux (portes) dissimulent des tiroirs ou de simples étagères.

Commode à vantaux estampillée Guillaume Benneman, bronzes fondus par Pierre-Philippe Thomire et Étienne-Jean Forestier sous la direction du sculpteur Jean Hauré ; vers 1787 ; Paris, musée du Louvre ©Thierry Ollivier

Détail de la commode à vantaux estampillée Benneman ©Thierry Ollivier
Les angles antérieurs sont ornés d’une gaine à buste et pieds de femme, qui annonce l’esthétique Empire.
Les meubles d’appui (parfois appelés « bas d’armoire ») ressemblent beaucoup à des commodes.

Grand meuble d’appui au chiffre de Marie-Antoinette estampillé Benneman, acajou, ébène, bronzes dorés ; Paris, musée du Louvre, département des objets d’art ©Franck Raux
Parfois le meuble d’appui repose directement sur le sol, son socle adoptant la forme d’une plinthe. Cette dernière deviendra fréquente au début du 19e siècle.
La console d'ébénisterie
Nouveauté du règne de Louis XVI, la console d’ébénisterie ressemble à une commode en demi-lune à laquelle on aurait ôté les tiroirs. Pourvue d’un plateau de marbre et d’une tablette d’entrejambe, la console d’ébénisterie peut faire office de desserte dans une salle à manger – pièce désormais devenue indispensable dans les riches demeures.
Jusqu’alors seuls les menuisiers fabriquaient des consoles – les plus petites, fixées au mur, l’étaient par les menuisiers chargés de réaliser les boiseries dans lesquelles elles s’inséraient. (Voir la partie « Menuisiers et ébénistes »).

Console (ou commode servante ou commode desserte) estampillée Riesener, bâti de chêne, pin et acajou, placage d’acajou, bronzes dorés, marbre de Carrare (plateau et tablette d’entrejambe) ; vers 1790 ; New York, The Metropolitan Museum of Art, don de M. et Mme Charles Wrightsman, 1977
L’usage de laisser une table en permanence au centre de la salle à manger vient d’Angleterre. Jusqu’au milieu du 18e siècle, on dressait une table – une planche sur des tréteaux dissimulée par une longue nappe – avant chaque repas.
Cette table peut être agrémentée de diverses rallonges en fonction des usages, d’où un nombre de pieds parfois étonnant.
Les petites tables ovales, rondes, rectangulaires, que l’on déplace aisément, sont toujours très en vogue. Une nouveauté : le guéridon à plateau inclinable.

Guéridon, atelier de David Roentgen (à Neuwied, Rhénanie), acajou, bronze doré, acier, vers 1785-1790 ; New York, The Metropolitan Museum of Art, don de la succession de Ruth S. Stanton en mémoire d’Alexandra Stanton, 2018

Le même guéridon, plateau incliné ©The Metropolitan Museum of Art

Le même guéridon, système permettant l’inclination ©The Metropolitan Museum of Art