Les commodes de style Louis XV
Vers 1730 – au tout début du règne de Louis XV –, la commode prend la forme qu’elle a encore aujourd’hui : un coffre reposant sur quatre pieds, comprenant deux ou trois rangs de tiroirs en façade.-
La commode à trois rangs de tiroirs
On continue à apprécier la commode dite « en tombeau » (ou « Régence), une commode basse, à trois tiroirs superposés.

Commode en tombeau portant l’estampille de Jean-Charles Saunier ; bâti de chêne et de bois tendre, marqueterie de bois de violette, de satiné et de bois de rose, plateau de marbre griotte, vers 1725-1740 ; Londres, Victoria and Albert Museum
Sous Louis XV, le modèle à deux rangs de tiroirs est largement le plus fréquent.
La commode à deux rangs de tiroirs

Commode attribuée à Charles Cressent, bâti de chêne et de pin, placage d’amarante et de satiné, tiroirs (arrière en noyer, côtés en chêne), bronzes dorés, plateau de marbre ; vers 1745-1749 ; New York, The Metropolitan Musuem of Art, collection Jack et Belle Linsky, 1982

Même commode, tiroirs et rangements d'angle ouverts ©Metropolitan Museum of Art, New York
Les ébénistes de l’Ancien Régime ne sortaient que rarement de l’anonymat de l’atelier. Ils travaillaient pour des marchands-merciers et n’avaient aucun contact avec les riches acquéreurs de leurs meubles.
Charles Cressent, un ébéniste à part
Charles Cressent (1685-1768) est une des rares exceptions, à l’instar d’André-Charles Boulle à la génération précédente. Collectionneur, il partage les goûts de ses clients, qu’il connaît personnellement. Bronzier de formation, devenu ébéniste après avoir épousé la veuve de Joseph Poitou et repris son atelier en 1719, Cressent joue un rôle très important dans la naissance du style rocaille.

Détail de cette même commode attribuée à Charles Cressent
La qualité plastique des bronzes témoigne du talent de bronzier de Cressent. Ici, deux enfants balancent la corde sur laquelle est assis un singe portant jupette et petit bonnet ; le tout dans un décor d’agrafes et de feuilles d’acanthe sur fond de frisage – technique d’ébénisterie exploitant les veines du bois comme élément décoratif.
Cressent confiait la réalisation des ses bronzes aux meilleurs fondeurs. Notons qu’ils sont répartis de manière parfaitement symétrique.
Toujours destinée à être placée contre un mur, la commode n’est plaquée qu’en façade et sur ses côtés.

Commode estampillée BVRB, chêne plaque de panneaux de laque de Coromandel et de vernis européen, vers 1740-1745 ; New York, The Metropolitan Musuem of Art, legs d’Emma A. Sheafer, 1973

Arrière de la même commode ©Metropolitan Museum of Art, New York
L'encoignure
La commode pouvait être accompagnée d’une paire d’encoignures, au décor identique.

Encoignure estampillée BVRB, bâti de chêne plaqué d’ébène, de laque de Coromandel, cherry wood, and purplewood, bronzes dorés, plateau de marbre brocatelle, vers 1745-1749 ; New York, The Metropolitan Musuem of Art, don de M. et Mme Charles Wrightsman, 1983
Dans l’idéal, la commode est placée au milieu du mur avec une encoignure à chaque angle de la pièce.
Le chiffonnier
Le chiffonnier, haut et étroit, est un dérivé de la commode.

Chiffonnier, estampillé BVRB, bâti de chêne et de pin, placage de tulipwood and purplewood, vers 1765 ; The Metropolitian Museum of Art, Bequest d’Emma A. Sheafer, 1973