Style Louis XVI
En mai 1774, après cinquante-neuf ans de règne, Louis XV meut de la variole au château de Versailles. L’aîné de ses petits-fils, le duc de Berry, devient Louis XVI. Le nouveau monarque a vingt et un an ; son épouse, Marie-Antoinette d’Autriche, dix-neuf. Une lourde tâche, à laquelle ils sont mal préparés, les attend.
Zoom sur le contexte historique

Louis XVI et Marie-Antoinette, biscuit de Sèvres sur un modèle de Louis-Simon Bizot, vers 1788 ; Londres, The Victoria and Albert Museum
En 1756, la France s’éloigne de la Prusse, son allié traditionnel, et se rapproche de l’Autriche, son ennemie héréditaire, et ce, afin de contrer la montée en puissance de la Prusse et de l’Angleterre. Ce renversement des alliances aboutit à la guerre de Sept Ans (1756-1763), qui voit la défaite de la France – qui perd ses colonies d’Amérique et beaucoup de son influence politique en Europe. Cette défaite, associée à l’usure du pouvoir – le règne de Louis XV a débuté en 1715 – accroît l’impopularité de Louis XV.
L’union du dauphin (futur Louis XVI) et de l’archiduchesse d’Autriche, célébrée en 1770, est le gage de la nouvelle alliance diplomatique orchestrée par le duc de Choiseul, tout puissant ministre des Affaires étrangères.

Louis Michel Van Loo, « portrait du duc de Choiseul », huile sur toile, 1763, collection privée
Le début de la brillante carrière de Choiseul (1719-1785) avait été facilité par Mme de Pompadour, favorite royale à partir de 1745. Ambassadeur à Rome, puis à Vienne, il est nommé ministre des Affaires étrangères et son cousin le duc de Pralin, ministre de la Marine. Dans la décennie 1760, Choiseul s’impose comme un des hommes les plus puissants du royaume. Son opposition frontale à la comtesse du Barry contribue largement à sa disgrâce – sa sœur, la duchesse de Gramont, avait tenté en vain d’accéder au rang de maîtresse officielle.
En 1770, sur ordre de Louis XV, le duc de Choiseul s’exile sur son splendide domaine de Chanteloup, près d’Amboise. La haute aristocratie se presse pour rendre visite au banni, défiant ainsi l’autorité royale. La mort de Louis XV ne ramène pas Choiseul au pouvoir comme il a dû l’espérer. Le nouveau roi lui préfère le comte de Maurepas.

Vue du château de Chanteloup peinte par le miniaturiste Louis Nicolas van Blarenberghe sur une tabatière faite pour le duc de Choiseul ; gouache sur vélin, 1767 ; New York, The Metropolitan Museum of Art, don de M. et Mme Charles Wrightsman, 1976
Du domaine de Chanteloup, détruit dans les années 1820, ne reste qu’une étonnante pagode qui ornait les jardins. Une tabatière semblable, conservée dans une collection privée, est ornée de vues de l’hôtel particulier parisien du duc de Choiseul.
Louis et Marie-Antoinette, des personnalités opposées
Louis XVI est intelligent, instruit, désireux de bien faire, mais inexpérimenté et pusillanime. L’exercice du pouvoir lui est difficile. Tout au long de son règne, il saura écouter les différents avis, mais peinera à trancher et à se tenir à ses décisions. Dès son accession au trône, Maurepas s’inquiétait de le voir céder au dernier qui a parlé. Par ailleurs, Louis XVI n’a jamais vécu ailleurs qu’au palais de Versailles – un monde à part –, il connaît mal son pays et son peuple. À l’exception de son sacre, traditionnellement célébré à Reims, il n’a effectué qu’un seul voyage, en Normandie en 1786.

Départ d’une caisse conique dans le port de Cherbourg en présence de Louis XVI le 23 juin 1786 ; dessin de Chatry de la Fosse l'aîné, gravé par Hellman à Lille
L’objet de ce voyage était la visite du port de Cherbourg. Le roi y avait lancé un chantier pharaonique : la construction d’une digue de quatre kilomètres afin de fermer la baie. Cette digue devait se composer de 90 cônes de charpenterie de 20 mètres de haut, lestés de pierres une fois coulés au large. La rade ainsi créée serait défendue par quatre forts ; quatre-vingts vaisseaux français pourraient y prendre place face aux côtes anglaises.
Au cours de ce voyage de propagande, Louis XVI trouve le mot juste pour chacun et reçoit d’innombrables témoignages d’affection et de respect – de l’aubergiste de Laigle qui le prend dans ses bras aux officiers qui lui expliquent les travaux entrepris et s’étonnent des connaissances du roi en matière maritime. Féru de sciences et de marine, mais aux connaissances purement livresques, Louis XVI voit la mer pour la première fois de sa vie et assiste au coulage du 9e cône. Je n’ai jamais mieux goûté le bonheur d’être roi que le jour de mon sacre et depuis que je suis à Cherbourg ou encore L’amour de mon peuple a retenti jusqu’au fond de moi, écrit-il à Marie-Antoinette, enceinte et par conséquent restée à Versailles.
Le projet est suspendu par la Révolution. Il sera repris par Napoléon au début du 19e siècle suivant une technique différente, les cônes de bois ne résistant pas aux puissants courants de la Manche.
Marie-Antoinette, à qui on a prêté beaucoup d’influence sur son mari, n’en a en fait exercé aucune avant la Révolution. Louis l’a toujours tenue éloignée de la politique. Les premières années de leur union ont été compliquées. Les souverains sont inexpérimentés et ne partagent aucun centre d’intérêt. Louis XVI aime chasser et lire. Il a reçu une solide formation, certes conservatrice – les idées politiques nouvelles portées par les philosophes n’ont pas voix au chapitre à la Cour. Pour Louis XVI, la monarchie française doit rester de droit divin. Il s’intéresse particulièrement à l’histoire, la géographie, la mécanique. C’est en cela un homme de son temps, du siècle des Lumières. Il a par exemple confié à Jean-François La Pérouse une expédition scientifique dans le Pacifique, dans l’objectif de compléter les découvertes de l’Anglais James Cook.
Marie-Antoinette, faiseuse de tendances
Marie-Antoinette, elle, a reçu une instruction beaucoup moins rigoureuse. De nature joyeuse et insouciante, elle aime la fête, le jeu – où elle perd des sommes folles – et les toilettes. Marie-Antoinette ne suit pas la mode, elle l’a fait. À l’arrivée à Versailles de la jeune Autrichienne, on confie la responsabilité de sa garde-robe à la duchesse de Villars, qui avait déjà occupé cette fonction trente ans plus tôt auprès le reine Marie Leszczynska. Les vêtements et accessoires livrés à la dauphine sont certes d’excellente qualité, mais pas à la dernière mode ! L’élégance de certaines dames de la cour, notamment de la comtesse du Barry qui se fournit chez Rose Bertin, montre à la dauphine qu’on peut s’habiller autrement. Dès son accession au trône, Marie-Antoinette rencontre à son tour la célèbre marchande de mode, qui devient rapidement sa couturière quasi exclusive, et ce, jusqu’en 1789. Les deux femmes se rencontrent au moins deux fois par semaine à Versailles, dans les petits appartements de la reine. Les petits appartements sont les appartements privés de la reine, ainsi nommés par opposition aux Grands Appartements, publics, haut lieu de l’étiquette. Dans le salon de la Méridienne, la couturière présente des échantillons de tissu, modèle ses robes sur le corps de la souveraine, procède aux essayages et aux retouches. Lors de la réfection du plancher de ce salon il y a une dizaine d’années, on y a retrouvé des épingles.
On peut dire que l’admission d’une marchande de modes chez la reine fut suivie de résultats fâcheux pour Sa Majesté. L’art de la marchande, reçue dans l’intérieur en dépit de l’usage qui en éloignait sans exception toutes les personnes de sa classe, lui facilitait les moyens de faire adopter chaque jour quelque mode nouvelle. La reine, jusqu’à ce moment, n’avait développé qu’un goût fort simple pour sa toilette. Elle commença à en faire une occupation principale ; elle fut naturellement imitée par toutes les femmes.
Madame Campan, Mémoires, 1822
Les dépenses de la reine pour sa garde-robe passent de 30 000 livres en 1776 à 108 000 en 1780, alimentant son impopularité.
Le fantasque perruquier Léonard l’aîné imagine pour Marie-Antoinette des coiffures extravagantes. Il met au point le pouf, un échafaudage de gaze sur lequel il disposait fleurs fraîches, fruits, plumes et divers objets encore. Un jour Marie-Antoinette porte par exemple des fleurs de pommes de terre sur sa coiffure ; le pouvoir encourageait alors la consommation du tubercule venu d’Amérique afin de lutter contre la disette.
Nous conservons aussi le souvenir de la coiffure « à la Belle-Poule », du nom d’un navire de guerre français, symbole du soutien de la France à la lutte pour l’indépendance des colonies anglaises d’Amérique du Nord.
[…] Les coiffures parvinrent à un tel degré de hauteur […] que les femmes ne trouvaient plus de voitures assez élevées pour s’y placer, et qu’on leur voyait souvent pencher la tête ou la placer à la portière. D’autres prirent le parti de s’agenouiller pour ménager, d’une manière encore plus sûre, le ridicule édifice dont elles étaient surchargées. Des caricatures sans nombre exposées partout, et dont quelques-unes rappelaient malicieusement les traits de la souveraine, attaquèrent inutilement l’exagération de la mode [...].
Madame Campan, Mémoires, 1822

Coiffure à la Belle-Poule, estampe anonyme du 18e siècle ; Blérancourt, musée franco-américain
Cette méconnaissance des effets que son comportement pouvait avoir sur l’esprit de ses sujets a eu de graves conséquences pour Marie-Antoinette. Ses maladresses remontent à ses débuts à Versailles. La jeune fille n’a pas saisi l’importance de l’étiquette, cet ensemble de règles contraignantes réglementant la vie à la Cour, et personne n’a su le lui faire comprendre, comme l’analyse très bien Mme Campan :
[…] les gens sincèrement attachés à la reine ont toujours regardé comme un de ses premiers malheurs, peut-être même comme le plus grand qu’elle pût éprouver à son entrée dans le monde, de n’avoir pas rencontré, dans la personne naturellement placée pour être son conseil, une femme indulgente, éclairée et unissant à des avis sages cette grâce qui décide la jeunesse à les suivre. Mme la comtesse de Noailles n’avait rien d’agréable dans son extérieur ; son maintien était roide, son air sévère. Elle connaissait parfaitement l’étiquette ; mais elle en fatiguait la jeune princesse sans lui en démontrer l’importance. Toutes ces formes étaient gênantes à la vérité ; mais elles avaient été calculées sur la nécessité de présenter aux Français tout ce qui peut leur commander le respect, et surtout de garantir une jeune princesse, par un entourage imposant, des traits mortels de la calomnie. Il aurait fallu faire sentir à la dauphine, qu’en France sa dignité tenait beaucoup à des usages qui n’étaient nullement nécessaires à Vienne pour faire respecter et chérir la famille impériale par les bons et soumis Autrichiens. La dauphine était donc perpétuellement importunée par les représentations de la comtesse de Noailles, et en même temps excitée par l’abbé de Vermond à tourner en dérision et les préceptes sur l’étiquette et celle qui les donnait. Elle écouta plutôt la raillerie que la raison, et surnomma Mme la comtesse de Noailles : Madame l’Étiquette. Cette plaisanterie fit présumer qu’aussitôt que la jeune princesse agirait selon ses volontés, elle se soustrairait aux usages imposants.
En refusant de se soumettre entièrement à l’étiquette, en excluant de son entourage proche ceux qui l’ennuient, en s’isolant le plus souvent possible sur son domaine de Trianon, avec ses amis – la duchesse de Polignac, le marquis de Vaudreuil, le baron de Besenval… – Marie-Antoinette laisse prise à la médisance.
Ce qu’un courtisan voit obtenir à d’autres lui semble toujours pris sur son bien, c’est une règle, nous rappelle Mme Campan. Dans cette occasion cependant, on envia moins le matériel des grâces accordées aux Polignac, que l’intimité qui allait s’établir entre eux, leurs clients et la reine. On vit dans le cercle de la comtesse Jules (Mme de Polignac), une porte ouverte pour obtenir la faveur, les grâces, les ambassades. Ceux qui n’avaient pas l’espoir d’y entrer furent irrités.
Les libelles orduriers se multiplient, souvent financés par de grands aristocrates vexés et rancuniers qui ne se rendent pas comptent qu’en salissant la reine, c’est l’institution monarchique qu’ils mettent en danger. Et comme Louis XVI n’avait pas de maîtresse, impossible de rejeter la responsabilité de tous les dysfonctionnements de la Cour et du royaume sur une Pompadour ou une du Barry.
De la jeune Dauphine à la reine déchue
Ses contemporains et les historiens ont souvent évoqué sa frivolité, en rappelant par exemple le défi qu’elle avait lancé à son jeune le comte d’Artois : faire édifier en moins de trois mois un élégant petit château dans le bois de Boulogne. Ils avaient parié 100 000 livres ; la construction en avait coûté le triple, mobilisant des centaines d’ouvriers jour et nuit.

Élisabeth Vigée-Lebrun, « Marie-Antoinette et ses enfants », huile sur toile, 1787 ; château de Versailles
Le mariage de Louis et de Marie-Antoinette n’a été consommé que sept ans après sa célébration, ce qui a alimenté les ragots à la Cour et dans le royaume. Enfin, en 1778, naît Marie-Thérèse (la jeune fille debout au côté de sa mère), surnommée Mme Royale. Trois autres enfants suivront : Louis le premier Dauphin – mort de la tuberculose osseuse en juin 1789, alors que se tenaient les États généraux –, le duc de Normandie devenu dauphin à la mort de son aîné (Louis XVII, mort à la prison du Temple en 1795, à l’âge de dix ans) et enfin, Sophie, qui devait occuper le couffin. Morte à quelques mois, elle a été effacée, n’ayant vécu trop peu de temps pour apparaître sur un tableau officiel.

Départ d’une caisse conique dans le port de Cherbourg en présence de Louis XVI le 23 juin 1786 ; dessin de Chatry de la Fosse l'aîné, gravé par Hellman à Lille
L’objet de ce voyage était la visite du port de Cherbourg. Le roi y avait lancé un chantier pharaonique : la construction d’une digue de quatre kilomètres afin de fermer la baie. Cette digue devait se composer de 90 cônes de charpenterie de 20 mètres de haut, lestés de pierres une fois coulés au large. La rade ainsi créée serait défendue par quatre forts ; quatre-vingts vaisseaux français pourraient y prendre place face aux côtes anglaises.
Au cours de ce voyage de propagande, Louis XVI trouve le mot juste pour chacun et reçoit d’innombrables témoignages d’affection et de respect – de l’aubergiste de Laigle qui le prend dans ses bras aux officiers qui lui expliquent les travaux entrepris et s’étonnent des connaissances du roi en matière maritime. Féru de sciences et de marine, mais aux connaissances purement livresques, Louis XVI voit la mer pour la première fois de sa vie et assiste au coulage du 9e cône. Je n’ai jamais mieux goûté le bonheur d’être roi que le jour de mon sacre et depuis que je suis à Cherbourg ou encore L’amour de mon peuple a retenti jusqu’au fond de moi, écrit-il à Marie-Antoinette, enceinte et par conséquent restée à Versailles.
Le projet est suspendu par la Révolution. Il sera repris par Napoléon au début du 19e siècle suivant une technique différente, les cônes de bois ne résistant pas aux puissants courants de la Manche.
Marie-Antoinette, à qui on a prêté beaucoup d’influence sur son mari, n’en a en fait exercé aucune avant la Révolution. Louis l’a toujours tenue éloignée de la politique. Les premières années de leur union ont été compliquées. Les souverains sont inexpérimentés et ne partagent aucun centre d’intérêt. Louis XVI aime chasser et lire. Il a reçu une solide formation, certes conservatrice – les idées politiques nouvelles portées par les philosophes n’ont pas voix au chapitre à la Cour. Pour Louis XVI, la monarchie française doit rester de droit divin. Il s’intéresse particulièrement à l’histoire, la géographie, la mécanique. C’est en cela un homme de son temps, du siècle des Lumières. Il a par exemple confié à Jean-François La Pérouse une expédition scientifique dans le Pacifique, dans l’objectif de compléter les découvertes de l’Anglais James Cook.
Marie-Antoinette, faiseuse de tendances
Marie-Antoinette, elle, a reçu une instruction beaucoup moins rigoureuse. De nature joyeuse et insouciante, elle aime la fête, le jeu – où elle perd des sommes folles – et les toilettes. Marie-Antoinette ne suit pas la mode, elle l’a fait. À l’arrivée à Versailles de la jeune Autrichienne, on confie la responsabilité de sa garde-robe à la duchesse de Villars, qui avait déjà occupé cette fonction trente ans plus tôt auprès le reine Marie Leszczynska. Les vêtements et accessoires livrés à la dauphine sont certes d’excellente qualité, mais pas à la dernière mode ! L’élégance de certaines dames de la cour, notamment de la comtesse du Barry qui se fournit chez Rose Bertin, montre à la dauphine qu’on peut s’habiller autrement. Dès son accession au trône, Marie-Antoinette rencontre à son tour la célèbre marchande de mode, qui devient rapidement sa couturière quasi exclusive, et ce, jusqu’en 1789. Les deux femmes se rencontrent au moins deux fois par semaine à Versailles, dans les petits appartements de la reine. Les petits appartements sont les appartements privés de la reine, ainsi nommés par opposition aux Grands Appartements, publics, haut lieu de l’étiquette. Dans le salon de la Méridienne, la couturière présente des échantillons de tissu, modèle ses robes sur le corps de la souveraine, procède aux essayages et aux retouches. Lors de la réfection du plancher de ce salon il y a une dizaine d’années, on y a retrouvé des épingles.
On peut dire que l’admission d’une marchande de modes chez la reine fut suivie de résultats fâcheux pour Sa Majesté. L’art de la marchande, reçue dans l’intérieur en dépit de l’usage qui en éloignait sans exception toutes les personnes de sa classe, lui facilitait les moyens de faire adopter chaque jour quelque mode nouvelle. La reine, jusqu’à ce moment, n’avait développé qu’un goût fort simple pour sa toilette. Elle commença à en faire une occupation principale ; elle fut naturellement imitée par toutes les femmes.
Madame Campan, Mémoires, 1822
Les dépenses de la reine pour sa garde-robe passent de 30 000 livres en 1776 à 108 000 en 1780, alimentant son impopularité.
Le fantasque perruquier Léonard l’aîné imagine pour Marie-Antoinette des coiffures extravagantes. Il met au point le pouf, un échafaudage de gaze sur lequel il disposait fleurs fraîches, fruits, plumes et divers objets encore. Un jour Marie-Antoinette porte par exemple des fleurs de pommes de terre sur sa coiffure ; le pouvoir encourageait alors la consommation du tubercule venu d’Amérique afin de lutter contre la disette.
Nous conservons aussi le souvenir de la coiffure « à la Belle-Poule », du nom d’un navire de guerre français, symbole du soutien de la France à la lutte pour l’indépendance des colonies anglaises d’Amérique du Nord.
[…] Les coiffures parvinrent à un tel degré de hauteur […] que les femmes ne trouvaient plus de voitures assez élevées pour s’y placer, et qu’on leur voyait souvent pencher la tête ou la placer à la portière. D’autres prirent le parti de s’agenouiller pour ménager, d’une manière encore plus sûre, le ridicule édifice dont elles étaient surchargées. Des caricatures sans nombre exposées partout, et dont quelques-unes rappelaient malicieusement les traits de la souveraine, attaquèrent inutilement l’exagération de la mode [...].
Madame Campan, Mémoires, 1822
Cette méconnaissance des effets que son comportement pouvait avoir sur l’esprit de ses sujets a eu de graves conséquences pour Marie-Antoinette. Ses maladresses remontent à ses débuts à Versailles. La jeune fille n’a pas saisi l’importance de l’étiquette, cet ensemble de règles contraignantes réglementant la vie à la Cour, et personne n’a su le lui faire comprendre, comme l’analyse très bien Mme Campan :
[…] les gens sincèrement attachés à la reine ont toujours regardé comme un de ses premiers malheurs, peut-être même comme le plus grand qu’elle pût éprouver à son entrée dans le monde, de n’avoir pas rencontré, dans la personne naturellement placée pour être son conseil, une femme indulgente, éclairée et unissant à des avis sages cette grâce qui décide la jeunesse à les suivre. Mme la comtesse de Noailles n’avait rien d’agréable dans son extérieur ; son maintien était roide, son air sévère. Elle connaissait parfaitement l’étiquette ; mais elle en fatiguait la jeune princesse sans lui en démontrer l’importance. Toutes ces formes étaient gênantes à la vérité ; mais elles avaient été calculées sur la nécessité de présenter aux Français tout ce qui peut leur commander le respect, et surtout de garantir une jeune princesse, par un entourage imposant, des traits mortels de la calomnie. Il aurait fallu faire sentir à la dauphine, qu’en France sa dignité tenait beaucoup à des usages qui n’étaient nullement nécessaires à Vienne pour faire respecter et chérir la famille impériale par les bons et soumis Autrichiens. La dauphine était donc perpétuellement importunée par les représentations de la comtesse de Noailles, et en même temps excitée par l’abbé de Vermond à tourner en dérision et les préceptes sur l’étiquette et celle qui les donnait. Elle écouta plutôt la raillerie que la raison, et surnomma Mme la comtesse de Noailles : Madame l’Étiquette. Cette plaisanterie fit présumer qu’aussitôt que la jeune princesse agirait selon ses volontés, elle se soustrairait aux usages imposants.
En refusant de se soumettre entièrement à l’étiquette, en excluant de son entourage proche ceux qui l’ennuient, en s’isolant le plus souvent possible sur son domaine de Trianon, avec ses amis – la duchesse de Polignac, le marquis de Vaudreuil, le baron de Besenval… – Marie-Antoinette laisse prise à la médisance.
Ce qu’un courtisan voit obtenir à d’autres lui semble toujours pris sur son bien, c’est une règle, nous rappelle Mme Campan. Dans cette occasion cependant, on envia moins le matériel des grâces accordées aux Polignac, que l’intimité qui allait s’établir entre eux, leurs clients et la reine. On vit dans le cercle de la comtesse Jules (Mme de Polignac), une porte ouverte pour obtenir la faveur, les grâces, les ambassades. Ceux qui n’avaient pas l’espoir d’y entrer furent irrités.
Les libelles orduriers se multiplient, souvent financés par de grands aristocrates vexés et rancuniers qui ne se rendent pas comptent qu’en salissant la reine, c’est l’institution monarchique qu’ils mettent en danger. Et comme Louis XVI n’avait pas de maîtresse, impossible de rejeter la responsabilité de tous les dysfonctionnements de la Cour et du royaume sur une Pompadour ou une du Barry.
De la jeune Dauphine à la reine déchue
Ses contemporains et les historiens ont souvent évoqué sa frivolité, en rappelant par exemple le défi qu’elle avait lancé à son jeune le comte d’Artois : faire édifier en moins de trois mois un élégant petit château dans le bois de Boulogne. Ils avaient parié 100 000 livres ; la construction en avait coûté le triple, mobilisant des centaines d’ouvriers jour et nuit.

Élisabeth Vigée-Lebrun, « Marie-Antoinette et ses enfants », huile sur toile, 1787 ; château de Versailles
Le mariage de Louis et de Marie-Antoinette n’a été consommé que sept ans après sa célébration, ce qui a alimenté les ragots à la Cour et dans le royaume. Enfin, en 1778, naît Marie-Thérèse (la jeune fille debout au côté de sa mère), surnommée Mme Royale. Trois autres enfants suivront : Louis le premier Dauphin – mort de la tuberculose osseuse en juin 1789, alors que se tenaient les États généraux –, le duc de Normandie devenu dauphin à la mort de son aîné (Louis XVII, mort à la prison du Temple en 1795, à l’âge de dix ans) et enfin, Sophie, qui devait occuper le couffin. Morte à quelques mois, elle a été effacée, n’ayant vécu trop peu de temps pour apparaître sur un tableau officiel.
L’affaire du collier de la reine, phénoménale escroquerie
Un cardinal naïf et en manque de reconnaissance (Rohan), une fausse comtesse mais vraie intrigante (Mme de la Motte), l’alchimiste Cagliostro, et les joailliers Böhmer et Bassenge sont les principaux protagonistes de cette rocambolesque affaire qui a porté le coup de grâce à la réputation de Marie-Antoinette.
À l’été 1785 – quatre ans avant le début de la Révolution – le cardinal de Rohan, grand aumônier de la Cour, est arrêté dans la galerie des Glaces et aussitôt embastillé. Rohan est accusé d’escroquerie et de crime de lèse-majesté : il a cru que la reine pouvait agir en simple particulière, par exemple en lui donnant rendez-vous nuitamment dans le parc de Versailles. Quelques mois plus tôt, le cardinal a acheté pour la reine – et à la demande de celle-ci, croyait-il – une somptueuse parure de diamants, qu’il a aussitôt remise à Mme de La Motte. Celle-ci, censée l’offrir à la reine, la dépèce, vend les diamants et commence à mener grand train, persuadée que quand l’affaire s’éventera, le cardinal, mortifié, paierait sans sourciller.

Reconstitution en zircone du collier dit de la reine ; château de Breteuil
Lorsque Rohan ne peut plus s’acquitter des traites, les joailliers tentent de récupérer le bijou. Ils comprennent alors qu’il a disparu et le scandale éclate. Les faits reprochés au cardinal étaient très graves, mais l’intelligence politique incitait à la prudence. Humilier la haute aristocratie – par l’arrestation d’un de ses membres – ne pouvait que porter préjudice à reine, mais face à la fureur de la reine, Louis XVI signe l’ordre d’arrestation.
Le procès s’ouvre à Paris quelques mois plus tard. Si l’innocence de la reine y est prouvée, l’épisode a considérablement nui à sa réputation. Les ennemis qu’elle s’était faits à sa propre Cour s’en donnent à cœur joie. Les Français, eux, y voient l’incurie de l’institution monarchique et les dépenses excessives de la famille royale, et particulièrement de Marie-Antoinette. Les pamphlets contre l’Autrichienne se diffusent. La souveraine paie l’insouciance de ses jeunes années.
Ces intrigues détruisent la dignité royale. Aussi l’histoire du collier forme-t-elle la préface immédiate de la Révolution.
Johan Wolfgang von Goethe, Le Grand Cophte, 1790
Une société en mutation et un climat politique agité
Dans les années 1780, le mécontentement est général. L’aristocratie est hostile à la remise en question de ses privilèges, notamment l’exemption fiscale. Beaucoup d’aristocrates sont surendettés, mais des préjugés de classe les empêchent d’exercer une profession. La grande bourgeoisie – bien formée, dynamique et prospère – reste exclue des hautes charges militaires, du haut clergé et de la haute magistrature.
85 % de la population française est rurale. Les conditions de vie dans les campagnes se sont améliorées par rapport au siècle précédent, notamment grâce à un climat plus favorable à l’agriculture, mais les paysans subissent toujours une lourde fiscalité. L’hiver 1788-1789 est rude ; les vivres se raréfient et leur prix augmente. Le petit peuple des villes, déjà très pauvre, subit de plein fouet l’augmentation du prix du pain. Dès 1788, des émeutes éclatent dans tout le pays – Rennes, Pau, Grenoble.
Les idées politiques des Lumières ont infusé dans l’esprit des Français, qui sont de plus en plus instruits. La presse, vecteur de diffusion d’idées nouvelles, se développe considérablement. Grâce aux gazettes, les Français ont suivi les événements des colonies anglaises d’Amérique du Nord. En 1773, les colons se sont opposés à la levée de nouveaux impôts – Boston Tea Party. S’opposer à un monarque ne semble désormais plus impossible. On parle de plus en plus de liberté, d’égalité, de nation et on critique le train de vie dispendieux de la Cour.
Un état en faillite
Calonne, ministre des Finances de 1783 à 1787, a pour projet de mieux répartir l’impôt. L’impopularité de ce projet provoque son renvoi en 1787. Calonne est remplacé par le banquier Necker, à son tour renvoyé quelques jours avant la prise de la Bastille.
En 1788, la situation financière de la France est catastrophique. Afin de pouvoir lever de nouveaux impôts, Louis XVI convoque les États généraux pour l’année suivante. En prévision de la réunion de représentants des trois ordres de la société – clergé, noblesse et tiers état –, des cahiers de doléances sont rédigés dans tout le royaume, suscitant une vague d’espoir.
Mai 1789, le début d’une longue révolution
Des événements déterminants vont se succéder.

Procession le jour de l’ouverture des États Généraux, gravure contemporaine des événéments
La séance, présidée par Louis XVI, se tient dans la salle des Menus-Plaisirs. À la droite du roi : les 270 représentants du clergé, à sa gauche : les 291 représentants de la noblesse et face à lui : les 578 représentants du tiers état. La question du vote par tête ou par ordre n’est encore pas tranchée. Le vote par ordre signifierait que la noblesse (représentant une infime proportion de la population) aurait le même pouvoir de décision que le tiers état, représentant lui l’immense majorité – environ 97 %. Au fil des jours, de plus en plus de députés du clergé et de la noblesse éclairés se rallient aux revendications du tiers état.
Le 17 juin 1789, les députés du tiers état se proclament en assemblée nationale ; gravure contemporaine des événements. Une vingtaine de jours plus tard, le 9 juillet, l’Assemblée nationale se déclare constituante – c’est-à-dire qu’elle élabore une constitution.

Jacques-Louis David, le Serment du Jeu de Paume, 20 juin 1780 », huile sur toile, après 1791 ; Paris, musée Carnavalet
Au matin du 20 juin, les députés du tiers état ne peuvent accéder à la salle des délibérations aux Menus-Plaisirs ; Louis XVI en a ordonné la fermeture. Ils se rabattent sur la salle du jeu de paume, où ils font le serment de ne jamais se séparer, et de se rassembler partout où les circonstances l’exigeront, jusqu’à ce que la constitution du royaume soit établie et affermie sur des fondements solides.
Le 23 juin, le roi convoque une séance. Il y admet le principe de l’égalité devant l’impôt, mais exige la dispersion de l’Assemblée nationale ; il veut conserver la division en trois ordres de la société française. Le comte de Mirabeau, un des porte-parole de l’Assemblée nationale, aurait répondu à l’envoyé du roi : Allez dire au roi que nous sommes ici par la volonté du peuple et que nous n’en sortirons que par la force des baïonnettes !
Quatre jours plus tard, le roi cède, ordonnant au clergé et à la noblesse de rejoindre le tiers état.
Paris en effervescence
Le 11 juillet, Louis XVI renvoie Necker. À Paris, on y voit une manœuvre de l’aristocratie. Des citoyens inquiets forment une « garde nationale ». On craint une intervention des troupes royales.

Jean-Baptiste Lallemand, « La prise de la Bastille, le 14 juillet 1789 », huile sur toile contemporaine de l’événement ; Paris, musée Carnavalet
Cafouillage anecdotique mais sanglant, la prise de la forteresse est devenue l’événement le plus célèbre de la Révolution. La forteresse médiévale symbolise l’absolutisme royal, car le roi y a le droit d’envoyer quiconque sur simple lettre de cachet, sans jugement. Cependant, en juillet 1789, seuls sept prisonniers y sont détenus, aucun arbitrairement.
La foule a apporté des fusils et des canons pris aux Invalides le matin même. Une fusillade éclate et les émeutiers pensent que M. de Launay, gouverneur de la Bastille, fait tirer sur la foule. Ils forcent les portes et massacrent le gouverneur et quelques-uns de ses hommes. Les émeutiers se dirigent ensuite vers l’hôtel de ville, les têtes de leurs victimes fichées sur des piques.
Événement d’une tout autre envergure : dans la nuit du 4 au 5 août, dans la salle des Menus Plaisirs, l’Assemblée constituante vote l’abolition des privilèges sur une proposition du vicomte de Noailles et du duc d’Aiguillon. Dès lors, tous les sujets sont égaux. Avec la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen le 26 août 1789, les principes des Lumières sont transcrits en termes juridiques.
Beaucoup de Français aspirent à moderniser l’institution monarchique. Néanmoins, la révolution qui s’est enclenchée n’est pas un rejet de la monarchie, malgré une violence sourde, prompte à éclater.

Jean-François Janinet, « Louis XVI se montre à l'une des fenêtres de la grande salle de l'hôtel de ville de Paris, cocarde nationale au chapeau », gravure, 1790 ; Paris, musée Carnavalet

5 octobre, les femmes du peuple parisien marchent sur Versailles pour ramener à Paris la famille royale, gravure contemporaine de l’événement

matin du 6 octobre, massacre d’un garde du corps à l’entrée des appartements publics de la reine
Le château est envahi par le peuple arrivé la veille de Paris. La reine est personnellement visée. Elle rejoint le roi et leurs enfants, et apparaît au balcon de la cour de marbre. Louis XVI décide de rejoindre Paris. La famille royale est logée aux Tuileries, désormais sous la surveillance du peuple. Elle y restera jusqu’à sa fuite en juin 1791. Arrêtée à Varennes, elle sera alors incarcérée au Temple.
Bien des contemporains pressentent la fin de cette société aristocratique brillante et frivole. On marchait vers le précipice en riant, résume la marquise de la Tour du Pin.
Consacrant tout notre temps à la société, aux fêtes, aux plaisirs, aux devoirs peu assujettissants de la Cour et des garnisons, nous jouissions à la fois avec incurie et des avantages que nous avaient transmis les anciennes institutions, et de la liberté que nous apportaient les nouvelles mœurs : ainsi ces deux régimes flattaient également l’un notre vanité, l’autre nos penchants pour les plaisirs.
Le comte de Ségur, Mémoires ou Souvenirs et anecdotes, I, p. 28
Le style Louis XVI
Qui n’a pas vécu dans les années voisines de 1789 ne sait pas ce qu’est la douceur de vivre, Talleyrand

François-Louis-Joseph Watteau, « Une fête au Colisée », huile sur toile, vers 1789 ; Lille, musée des Beaux-Arts
La ligne droite, redevenue à la mode à l’époque Transition, s’impose ; de même que les motifs puisés dans l’Antiquité. Cependant, l’élégance et le raffinement du style Louis XV ne sont pas oubliés. Les motifs antiquisants côtoient fleurs au naturel, draperies, rubans, trophées de jardinage et d’instruments de musique, chinoiseries et turqueries. Le néo-classicisme de l’époque Louis XVI n’est pas encore le néo-classicisme sévère qui triomphera sous l’Empire.

Applique à 3 bras de lumière, bronze doré, vers 1785 ; New York, The Metropolitan Museum of Art, legs de Mme Charles Wrightsman, 2019

Détail d’un écran de cheminée estampillé George Jacob fourni pour le boudoir de Marie-Antoinette au château de Fontainebleau, hêtre sculpté et doré, 1786 ; New York, The Metropolitan Museum of Art, don de M. et Mme Charles Wrightsman, 1971

Fauteuil estampillé Georges Jacob (détail), noyer sculpté et doré, vers 1785 ; Londres, Victoria and Albert Museum, legs de John Jones
Le goût de l’acajou
L’acajou, bois chaud aux jolis effets flammés ou mouchetés, plaît de plus en plus. Jusqu’alors travaillé en placage, il commence à l’être massif. Le goût pour ce bois est apparu en Angleterre.

Guéridon tripode à plateau inclinable (ici incliné) estampillé Adam Weisweiler ; bâti de chêne, placage d’acajou, bronzes dorés, vers 1790 ; Londres, Victoria and Albert Museum ; legs de la comtesse de Valencia de Don Juan
Les marqueteries complexes de diverses essences sont peu à peu abandonnées, au profit du placage d’acajou, bois aux effets très décoratifs.
Jusqu’alors travaillé en placage, l’acajou commence à l’être massif.

Chaise à dossier ajouré estampillée Georges Jacob (G IACOB), acajou massif, garniture de tissu moderne, vers 1785-1790 ; New York, The Metropolitan Museum of Art, legs de Mme Charles Wrightsman, 2019
L’art et l’artisanat français rayonnaient alors sur toute l’Europe, tout en intégrant des influences venues d’ailleurs. Cette chaise au dossier très original, fournie par Jacob au duc de Penthièvre, reflète l’influence de l’Angleterre. Déjà très appréciés au 17e siècle par les Britanniques (cf. Windsor Chair), les dossiers ajourés sont repris au 18e par l’ébéniste et décorateur Thomas Chippendale (1718-1779), dont les modèles sont diffusés par la gravure.
Les jardins dits à l’anglaise sont une des plus belles expressions de l’anglomanie des élites françaises.

Temple du dieu Pan, Désert de Retz, vers 1775 ; Chambourcy, Île-de-France, département des Yvelines
Le jardin à l’anglaise se caractérise par des allées sinueuses et de petites constructions – les fabriques – invitant au repos, à la rêverie. On l’oppose au jardin à la française – aux lignes droites, aux grandes perspectives – dont le plus grand représentant est André Le Nôtre au 17 siècle.
En Angleterre, l’architecte William Chambers (1723-1796) conçoit des jardins d’inspiration chinoise – on parle de style anglo-chinois. Les jardins de Kew, près de Londres, comptent parmi ses réalisations les plus abouties.

William Marlow d’après les dessins de William Chambers, « Vue sur la nature sauvage à Kew », aquarelle, 1763 ; New York, The Metropolitan Museum of Art, fonds Harris Brisbane Dick, 1925

Thomas Sandby, « Vue de la ménagerie des jardins de Kew », aquarelle, 1763 ; New York, The Metropolitan Museum of Art, fonds Harris Brisbane Dick, 1925
Riesener, principal fournisseur de meubles de la famille royale

Riesener, principal fournisseur de meubles de la famille royale
Né en Allemagne comme beaucoup d’ébénistes parisiens, Jean-Henri Riesener (1734-1806) arrive jeune homme à Paris, où il intègre l’atelier de Jean-Baptiste Oeben, lui aussi allemand. En 1774 – l’année de la mort de Louis XV –, Riesener est nommé fournisseur des meubles d’ébénisterie du Garde Meuble de la Couronne, succédant à Gilles Joubert, alors âgé de 85 ans. Riesener sera l’ébéniste emblématique du style Louis XVI, fournissant du mobilier à la famille royale – Louis XVI, Marie-Antoinette, le comte et la comtesse de Provence, le comte et la comtesse d'Artois. À partir de 1784, au vu de l’état désastreux des finances publiques, le Garde-Meuble est contraint aux économies. Par conséquent, il privilégie les commandes à Adam Weisweiler et Guillaume Benneman, les créations de Riesener étant jugées trop onéreuses.

Marqueterie ornant le plateau d’une table mécanique estampillée Riesener livrée en 1781 à Versailles pour Marie-Antoinette, rapidement envoyé à Saint-Cloud ; placage d’amarante, marqueterie de bois satiné, sycomore, houx ; New York, The Metropolitan Museum of Art, collection Jules Bache, 1949