Abraham Bosse nous ouvre les portes d’une chambre louis XIII, entre intimité et apparat
Les gravures d’Abraham Bosse (1602-1676) et les peintures qui en ont été tirées nous permettent d’imaginer les riches intérieurs de l’époque Louis XIII, notamment les chambres. Comme on l’a déjà évoqué, la chambre est à la fois une pièce de l’intimité et de la sociabilité. Les grands et les petits moments de l’existence s’y déroulent.
La chambre, lieu de naissance et de mort
Madame est à sa table de toilette tandis que monsieur observe le ciel à l’aide d’une lunette astronomique. C’est l’époque de Galilée (1564-1642) et l’astronomie suscite alors l’enthousiasme des gens cultivés. Cyrano de Bergerac (1619-1655), qui bien plus tard inspirera une pièce de théâtre à Edmond Rostand, relate vers 1650 son voyage imaginaire sur la lune dans L’histoire comique des états et empires de la Lune.
La table est recouverte d’un épais tissu rouge à franges dorées, lui-même en partie recouvert d’un tissu moins large et plus court : la toilette (petite toile). Être à sa toilette signifie donc se préparer avant d’apparaître en public, se farder, se parer puis s’habiller. Par extension, « faire sa toilette » veut dire se laver. Notre élégante se regarde dans un miroir à pied posé sur la toilette ; un autre miroir est fixé au mur. Le miroir est alors un produit de luxe, au coût exorbitant. Le grand miroir dans lequel se reflète l’ensemble du corps n’existe pas encore. On y reviendra à propos de la galerie des Glaces. De même, les cheminées ne seront ornées de miroirs qu’à partir de la seconde moitié du XVIIe siècle.
Contrairement aux exemples précédents, les rideaux du lit sont tirés ; le lit devient alors un cube de tissu, rappelant le lit du château d'Effiat, aujourd'hui au Louvre. Incontestablement, le travail du tapissier prime ici sur celui du menuisier.
Dans la chambre, on est malade, on se soigne, on meurt
La théorie des humeurs préconise de purger les corps pour rétablir l’équilibre nécessaire à la santé. Saignées et clystères sont ainsi au cœur des pratiques thérapeutiques du XVIIe siècle, comme en témoigne Molière. Sganarelle, médecin malgré lui, répond à la nourrice Jacqueline qui décline son offre de service au motif qu’elle est en pleine santé :
« Cette grande santé est à craindre, et il ne sera pas mauvais de vous faire quelque petite saignée amiable, de vous donner quelque petit clystère dulcifiant ».
Le Médecin malgré lui, acte II, scène 4.
Ou encore Argan comptant ce qu’il doit à son apothicaire :
« […] un bon clystère détersif, composé avec cotholicon double, rhubarbe, miel rosat, et autres, suivant l’ordonnance, pour balayer, laver et nettoyer le bas ventre de monsieur, trente sous ».
Molière, Le Malade imaginaire,acte I, scène 1.