J’esquisse mon projet au pastel. L’idée prend ainsi forme. Puis je dispose patiemment les fibres sur un fond de mousseline, avant de procéder au feutrage : sous l’action de l’eau et du savon, du chaud et du froid, laine et soie s’incrustent l’une dans l’autre et forment un textile non tissé. J’obtiens un matériau à la fois fin et très résistant. Pour les finitions, je collabore avec d’autres artisans. Selon les dimensions de la pièce à réaliser, il me faut – de la conception à la fabrication – entre trois semaines et trois mois.
Cependant, la gestion d’un atelier suppose de s’impliquer également dans la communication, le marketing, l’export, toutes les parties économiques. C’est une activité multitâche, associant imagination, geste technique précis et lien social fort. Je rencontre des personnes très différentes : artisans, prescripteurs, agents, autorités régionales…
Ce n’est donc pas un travail solitaire.
L.M. Ça dépend des moments. Je suis seule dans mon atelier, mais je collabore régulièrement avec d’autres artisans : un ébéniste, un ferronnier d’art et un tapissier, qui m’aident à réaliser l’encadrement et la structure sur laquelle reposent mes panneaux. Par ailleurs, une apporteuse d’affaires m’aide à chercher de nouveaux clients. Je suis à la fois indépendante et en interaction régulière avec d’autres professionnels.
De quel soutien avez-vous bénéficié pour vous établir ?
L.M. J’ai été soutenue par la région Nouvelle-Aquitaine, la Cité de la tapisserie, la pépinière d’entreprises d’Aubusson, par l’ADI – agence Développement et Innovation de Nouvelle-Aquitaine. J’ai aussi reçu un soutien financier d’Initiative Creuse, France Active et de ma banque. Pour me faire connaître, LAINAMAC – réseau de professionnels de la laine de Nouvelle-Aquitaine et du Massif Central – m’a permis de présenter mon travail au salon Révélations à Paris. Tout serait plus difficile, voire impossible, si j’étais professionnellement isolée.
Tous ces soutiens sont le fruit d’une démarche très proactive de ma part : je n’ai jamais hésité à présenter mes recherches et mes objectifs.
Votre ancrage territorial est très fort ?
L.M. Oui, je travaille le plus possible en lien avec mon territoire : une partie de ma laine provient de Felletin (en Creuse), ma soie d’Isère, le papier de mes cartes de visite d'une entreprise proche de Limoges, mon bijou-signature d'Aubusson... La finition de mes produits se fait en circuit court : ferronnier, tapissier, ébénistes, autant d’acteurs dont l’atelier est situé à quelque dix km du mien.
Votre organisation de travail vous convient-elle ?
L.M. Oui. Grâce à un partenariat avec une pépinière d'entreprises, j'occupe un bel atelier de 30 m2 au sein de la Cité internationale de la tapisserie d’Aubusson Mon contrat prendra fin en décembre prochain. Je recherche donc un nouveau lieu, plus grand.
Le travail d’équipe crée une émulation. Dans l’idéal, j’aimerais former quelqu’un avec qui travailler sur le long terme. Dans un premier temps, ce serait un stagiaire ; il ne m’est pas encore possible de salarier quelqu’un.
Visuel annonçant l’article :
« Point du jour, profusion de pétales et de velours, prémices d’un matin clair et lumineux », revêtement mural de 250 cm x 300 cm ©Grégory Valton