Derrière l’escalier, un petit film et quelques pièces à manipuler aident à comprendre les différentes étapes de la conception d’un siège. À mi-parcours, dans une pièce à part, carte blanche a été laissée au scénographe de l’exposition, Jacques Garcia, célèbre architecte d’intérieur, propriétaire et décorateur du château de Champ de Bataille dans l’Eure. L’ambiance est mystérieuse, nos repères dans le temps et l’espace, envolés. Sol, plafond et murs sont recouverts de miroirs, démultipliant l’espace. Un arbre pousse à l’envers mais est reflété à l’endroit, deux tapisseries Renaissance (XVIe siècle) sont associées à des meubles contemporains, eux aussi réfléchis dans le sol.
À l’étage, jetez un coup d’œil à la cour des Gobelins, enclos dédié à l’artisanat de luxe créé en 1664 par Louis XIV et Colbert (on aperçoit la statue du ministre devant la chapelle). C’est aux Gobelins qu’a été tissée il y a près de 300 ans la tapisserie L’audience du légat. Une audience exceptionnelle est accordée par le roi au représentant du pape. Celui-ci – événement rare – est reçu à l’intérieur du balustre, la barrière délimitant dans la chambre royale, un espace à part où se trouve le lit, symbole fort du pouvoir royal. Au pied de cette tapisserie aux couleurs encore superbes, est présenté un fragment de balustre en bois doré du début du XIXe siècle provenant du château des Tuileries : reliquat d’usages d’un autre temps.
Les Gobelins abritent toujours des manufactures (les Gobelins proprement dits mais aussi Beauvais pour les tapisseries ; la Savonnerie pour les tapis). Les lissiers d’aujourd’hui tissent tapisseries et tapis d’après des cartons d’artistes contemporains. En descendant l’escalier conduisant vers la sortie, vous verrez une page géante d’éphéméride en date du 14 juillet 1976 : c’est une tapisserie ! L’excellence du geste artisanal est au service de la création contemporaine, pas uniquement de la restauration d’œuvres anciennes. En témoigne un fauteuil réalisé au sein de l’atelier de recherche et de création du Mobilier national sur une idée – un design – de Sylvain Dubuisson pour le bureau des Jack Lang au ministère de la Culture. C’est un siège classique garni de cuir amande aux étranges pieds d’acier renfermant un artichaut, trois dés, une vénus de Milo à l’envers et un serpent ! Entre trône napoléonien, fauteuil de magistrat et fauteuil conçu pour la tribune présidentielle du 14 juillet, l’exposition rappelle que le siège est souvent un attribut du pouvoir.