Sièges

Le banc et le tabouret étaient les sièges les plus courants au Moyen Âge et à la Renaissance. La plupart ont bien sûr disparu.
Souvent très simple, le banc pouvait être agrémenté d’un dossier, de côtés et d’un repose-pied, comme nous le montrent nombre de tableaux flamands de la fin du Moyen Âge.
Un long banc est placé devant la cheminée. Il est muni de côtés ornés d’arcatures gothiques, d’un dossier et d’un repose-pied.   
Sainte Barbe, également représentée dans un riche intérieur flamand, est assise sur un banc dont le dossier est réduit à une simple barre de bois rendue amovible par un mécanisme en métal fixé aux montants : c’est un banc à tournis.
Chaque saint est représenté avec un attribut qui lui est propre afin de le rendre identifiable. Barbe, martyre du 4e siècle, est toujours associée à la tour dans laquelle son père, un roi païen, l’avait enfermée et où elle s’était convertie au christianisme. Sur cette œuvre flamande, la fenêtre donne sur un paysage et une tour.
Les parents sont assis sur un banc à tournis, dont le dossier amovible permettait de s’asseoir au choix face à la cheminée ou dos à celle-ci. Très peu de ces bancs sont conservés.

La chaire, le coffre devenu siège

La chaire (du latin cathedra, « siège » plutôt à dossier) est liée à l’autorité. C’est un petit coffre – l’abattant fait office de siège – que l’on a enrichi d’accotoirs pleins et d’un haut dossier.
Cette chaire associe les plis de serviette – motif omniprésent à l’époque gothique – et les entrelacs et les bustes en médaillon caractéristiques de la Renaissance.
Siège lié à l’autorité, la chaire prenait place dans la chambre du maître de maison, tout près du lit. Sur cette enluminure, on distingue nettement des arcatures gothiques sur le dossier et des plis de serviette sur le devant du siège. Un carreau (du latin quadrus, « carré ») – c’est-à-dire un coussin – rend le siège moins inconfortable.
L’archange Gabriel annonce à la Vierge qu’elle va engendrer le fils de Dieu ; la colombe du Saint-Esprit atteste du caractère sacré de l’événement représenté. Comme souvent, la scène religieuse est transposée dans un bel intérieur contemporain du peintre, en l’occurrence une chambre. À l’arrière-plan se trouvent un lit et une chaire. Le lit, très haut, est surmonté d’un dais de mêmes dimensions que la couche. Ce dais est supporté par quatre colonnes ; il maintient des rideaux (courtines) qui, la nuit, étaient fermés afin de protéger les dormeurs des courants d’air.
Notons que le luxe de la chambre médiévale tenait en grande partie à son aménagement textile (courtines, tapisseries sur les murs).
La Vierge et les saints sont souvent représentés assis sur une chaire.
Intellectuels et scribes, eux aussi, sont souvent figurés assis sur une chaire. Il semblerait qu’un pupitre pouvait y être fixé.
D’ingénieux mécanismes, depuis longtemps oubliés, ont été imaginés par les moines copistes qui restaient des heures dans la même position à écrire. Ici, le pupitre est fixé sur des bras mobiles. Ceux-ci sont glissés dans les montants de la chaire dans lesquels on a ménagé une fente.
Le Policraticus est un traité de réflexion et de morale politique rédigé en 1159 par Jean de Salisbury. Charles V en assura la diffusion en chargeant le franciscain Denis Foulechat de le traduire en français.
Le roi, facilement identifiable à son manteau bleu fleurdelysé et à sa couronne, trône sur une imposante chaire enrichie d’un dais de bois. À ses côtés se trouve une « roue », un meuble dont le plateau circulaire pivotait sur un axe, permettant de consulter plusieurs ouvrages simultanément. Nous le voyons ici dans sa « librairie » – terme qui signifiait « bibliothèque » au Moyen Âge. Le souverain est aussi représenté en instrument de la volonté divine : la main de Dieu le bénit.
Charles V, qui a régné sur la France de 1364 à 1380, était féru de culture. On lui doit, entre autres, la transformation de l’austère forteresse du Louvre, défendant l’ouest de Paris, en un luxueux et confortable château. Une enluminure des frères de Limbourg nous donne une idée de ce palais au sein duquel le roi s’était fait aménager une « librairie ».
Les Très Riches Heures du duc de Berry sont un livre de prières, commandé aux frères de Limbourg vers 1411 par le duc de Berry – un des frères du roi Charles V. Les frères de Limbourg meurent tous les trois en 1416, peut-être de la peste. Plusieurs peintres enlumineurs se sont succédé au cours du 15e siècle pour achever ce travail.
L’enluminure qui illustre le mois d’octobre nous montre les semailles : un paysan à cheval laboure le champ, tandis qu’un autre l’ensemence. Les semis sont protégés par un filet et un épouvantail qui adopte la forme d’un archet. À l'arrière-plan, nous distinguons le Louvre : Charles V a fait transformer l'austère forteresse de Philippe Auguste en château agréable à vivre.
Les statues du couple royal ornaient peut-être une façade du palais du Louvre – façade détruite au 17e siècle. Les attributs – un sceptre et la maquette d’une chapelle pour le roi, un sceptre et un livre pour la reine – ne sont pas d’origine. Ils ont été reconstitués au milieu du 19e siècle ; on ignore ce que les souverains tenaient à l’origine.
Comme Charles V, sainte Catherine est assise sur une chaire surmontée d’un dais de bois. Elle lit un ouvrage posé sur son pupitre près duquel se trouve une « roue ».
Certaines chaires, plus imposantes, devaient servir dans les églises.
Les stalles (du latin tardif stare, « se tenir debout ») forment des rangées de sièges dans le chœur d’une église. Le siège proprement dit est un abattant que le moine relève ou rabat selon les exigences de la liturgie. Sous l’abattant est ajoutée une partie en saillie (la bien nommée miséricorde), qui lorsque l’abattant est relevé permet au moine de poser ses fesses tout en donnant l’impression d’être debout. On parlerait aujourd’hui de strapontins.
À l’arrière-plan de cette enluminure, on distingue des moines assis sur des stalles.
Les 15e et 16e siècles nous ont laissé de superbes stalles ; celles de la cathédrale d’Amiens forment le plus bel ensemble parvenu jusqu’à nous.
Les dorsaux des stalles d’Amiens sont sculptés de fleurs de lys, symbole marial par excellence – comme de nombreuses cathédrales, celle d’Amiens est dédiée à la Vierge.
Séparations entre les sièges, accoudoirs et miséricordes sont souvent joliment sculptés.
Les miséricordes étant placées sous le postérieur des utilisateurs des stalles, elles sont de préférence sculptées de scènes profanes, parfois satiriques. Ici : des porcs jouant de l’orgue.
Dans la France du 16e siècle, apparaît la caquetoire (de caqueter, « bavarder »). Plus légère que la chaire – le coffre a disparu et les accotoirs sont évidés –, elle se déplace plus aisément. On peut l’approcher de la cheminée et ainsi caqueter au coin du feu !
Le dossier est richement sculpté de motifs Renaissance. Les pieds sont reliés par une entretoise formant un H. On sent poindre ce qu’on appellera bientôt le fauteuil (ou chaise à bras).
Le dossier de la caquetoire du Louvre est richement sculpté – et par conséquent probablement inconfortable ! Diane, déesse de la chasse et de la Lune, se tient debout dans une niche. Elle tient son arc d’une main et prend une flèche dans son carquois de l’autre. 
Les bras du siège, légèrement courbes, se terminent en tête de bélier.
Sur la ceinture de l’assise (et au-dessus du dossier), des incrustations de différents bois forment une frise décorative. Ce n’est pas encore de l’ébénisterie – technique qui va se développer au 17e siècle grâce à l’arrivée en Europe de bois exotiques, au premier rang desquels l’ébène –, mais on s’en approche.

Sgabello et Savonarole

Mentionnons pour terminer deux sièges italiens de la Renaissance : le sgabello et le « fauteuil Savonarole ».  
Le sgabello (du latin scabellum, « escabeau, petit banc ») est un tabouret auquel on a ajouté un dossier. Celui portant les armes des Strozzi, aujourd’hui conservé au Metropolitan Museum de New York, est un des plus beaux exemples qui nous soient parvenus.
Le siège « Savonarole » est également caractéristique de la Renaissance italienne. On lui a donné le nom du prédicateur dominicain Girolamo Savonarola (1452-1498) – francisé en Jérôme Savonarole.
Cette fresque représente le banquet donné par le condottiere Bartolomeo Colleoni en son château de Malpaga en l’honneur du roi Christian Ier du Danemark en 1474. Les convives ont pris place sur des sièges à la Savonarole.
Qui était Savonarole ?
Le prieur du couvent de San Marco a exercé une très forte influence sur les Florentins des années 1480 et 1490. Il fustige la corruption morale des élites, notamment cléricales, qualifiant d’antéchrist le pape Alexandre VI (Rodrigo Borgia).
1494 : Laurent le Magnifique est mort deux ans plus tôt. Son fils Pierre II, qui lui a succédé, est incompétent ; il s’enfuit devant la menace des troupes françaises. Celles-ci, menées par le roi Charles VIII qui ambitionne de conquérir le royaume de Naples, sont aux portes de Florence. L’angoisse des Florentins est à son comble. Savonarole est alors en mesure d’imposer sa vision du monde et instaure un régime théocratique (1494-1498). Le luxe est désormais banni. Le 7 février 1497 par exemple, un « bûcher des vanités » voit disparaître nombre d’œuvres d’art et d’objets précieux.
Les Florentins finissent par se lasser de l’intransigeance de Savonarole et la menace française s’est éloignée. Alexandre VI engage un procès contre lui. Le moine est emprisonné et torturé, avant d’être supplicié en place publique.
Deux décennies plus tard, un moine allemand, Martin Luther, reprendra le combat contre la corruption du clergé dans le but de réformer ce dernier, donnant naissance au protestantisme.