Atelier 22B, design africain écoresponsable
Chaque année en octobre, la création africaine contemporaine s’affiche à Akaa – Also known as Africa. Lors de la dernière édition, j’ai rencontré Violaine Beh, fondatrice d’Atelier 22B.
Que signifie Atelier 22B ?
V.B. : Atelier renvoie à l’artisanat ; 22 est l’indicatif téléphonique des pays d’Afrique de l’Ouest, auxquels je suis très liée, et le B évoque le beau, le bon, le bonheur. Notre but est de créer de jolies choses, dont l’impact sera positif. Ce nom est un programme esthétique engagé.
C’est-à-dire ?
V.B. : L’ambition est de produire de manière raisonnée tout en contribuant à améliorer la vie des femmes que nous faisons travailler – collectrices de déchets plastiques, potières, tisserandes ou vannières. Concrètement, elles bénéficient d’une mutuelle, ce qui est exceptionnel au Sénégal.
Donc Design in France, made in Senegal?
V.B. : Exactement. Je dessine meubles et objets décoratifs ici, à Paris, et je travaille main dans la main avec des artisanes pour que les produits prennent vie au Sénégal.
Pourquoi particulièrement le Sénégal ?
V.B. : Parce que je suis franco-sénégalaise, mais mon mari étant ivoirien, j’inscris mon narratif plus largement en Afrique de l’Ouest ; j’y construis des partenariats sur le long terme.
Présentez-nous vos produits ?
V.B. : Nous fabriquons des meubles et des éléments décoratifs à partir de matériaux naturels ou recyclés – essentiellement plastiques. Le plastique est collecté par des organismes sénégalais de valorisation des déchets comme Trivalor, puis il est transformé en usine – toujours en Afrique. Les déchets étant triés à la main, les couleurs peuvent être sélectionnées de manière très fine – le vert clair avec le vert clair, le vert foncé avec le vert foncé… C’est cette sélection rigoureuse qui nous permet par exemple d’obtenir un vert soutenu pour la chaise Espérance ou encore un camaïeu de blancs pour le fauteuil Golden Hour.
La chaise Espérance, aux lignes très architecturales, est faite à 100 % de plastique recyclé et une généreuse galette de velours lui assure un confort irréprochable. Le vert est une couleur très présente en Afrique de l’Ouest. Quant aux motifs ajourés du dossier, ils évoquent les lignes architecturales des années 70 – ces années d’insouciance étant le thème de la collection.
Vous ne vous limitez pas au plastique.
V.B. : Non. Nous pratiquons aussi la céramique et la vannerie, deux artisanats très importants en Afrique de l’Ouest. Toujours dans une démarche éthique, raisonnée. L’argile est extraite, pilée, tamisée, humidifiée localement. Idem pour la vannerie – faite de jonc de mer ou fibre de rônier. Nous sommes approvisionnés chaque lundi par les collecteurs du coin.
Quelles sont vos sources d’inspiration ?
V.B. : La douceur de vivre des deux décennies qui ont suivi l’indépendance de ces pays – les années 1960-1970. Tout était à construire, mais l’état d’esprit était l’optimisme.
La collection Golden Hour est inspirée de la lumière dorée de la fin d’après-midi. Chaleureuse mais plus accablante, elle éclaire doucement nos intérieurs, se reflétant par exemple sur les pieds de laiton du fauteuil Golden Hour.
La housse du fauteuil est brodée d’un motif touareg – la croix d’Agadez –, tout en évoquant la silhouette des gardiens de reliquaires Kota. Précisons que cette housse est démontable et lavable.
Sur votre site, on constate que certains de vos produits sont épuisés. Pourquoi ?
V.B. :
Nous concevons exclusivement des séries limitées, disponibles sur notre site Internet, tout en nous spécialisant dans le sur-mesure pour les professionnels. Nous collaborons étroitement avec des galeristes, des scénographes, mais aussi des hôtels, des restaurants ou des boutiques. Ensemble, nous créons des pièces qui reflètent leur identité et enrichissent l’expérience de leurs clients.
Deux fois par an, nous réalisons des précommandes. La précommande part d’une idée simple, mais indispensable à une production éthique : ne fabriquer que ce qui sera acheté. Autrement dit, les fabrications sont lancées en fonction du nombre de pièces commandées, ce qui nous évite la surproduction et les stocks d’invendus. Certes, la précommande exige des clients un peu de patience – ils reçoivent le produit au maximum deux mois après l’avoir acheté – mais, sans elle, l’excellent rapport qualité-prix que nous proposons serait impossible à atteindre.
Merci Violaine, nous souhaitons le meilleur à Atelier 22 B !
Pour en savoir + et suivre Atelier 22B :
Quand les cadeaux se font éthiques et écoresponsables, in "8 milliards de voisins", émission de RFI (Radio France internationale)
Site d'Atelier 22B