1777-2017 : Versailles fête les 240 ans du théâtre Montansier

1777-2017 : Versailles fête les 240 ans du théâtre Montansier

À cette occasion, une exposition claire, concise et attrayante se tient dans une aile de la Grande Écurie, face au château. Elle présente des documents originaux provenant des Archives de la ville de Versailles et des œuvres du musée Lambinet. Visite à compléter par une lecture : Le théâtre Montansier, sous la direction de Pierre-Hippolyte Pénet – conservateur du Patrimoine et commissaire de cette exposition –, aux éditions Gourcuff Gradenigo, 29€.

Mademoiselle Montansier, une vie consacrée au théâtre :

Née Marguerite Brunet à Bayonne en 1730, elle opte très jeune pour une vie de femme libre, mais forcément entretenue. Elle séjourne quelque temps à Saint-Domingue, puis s’installe à Paris chez sa tante – Mme Montansier, vendeuse de mode – dont elle prend le patronyme. À Paris, Marguerite vit entre mode et galanterie, se constituant un réseau de relations qui lui permettra bientôt de se lancer dans les affaires. C’est le début d’une carrière intense et fructueuse dans l’organisation de spectacles et la direction de théâtres. Sa plus belle réussite : un théâtre à deux pas du château, en lien à la fois avec la Cour et la ville.

Le Montansier, « une forme agréable et commode pour les spectateurs » :

Le 18 novembre 1777, la Comédie de la Ville – qui ne prendra le nom de sa fondatrice et première directrice qu’en 1936 – est inaugurée en présence de Louis XVI et de Marie-Antoinette. La salle est novatrice : parfaitement ronde, à l’acoustique parfaite, elle permet de regarder les acteurs sur scène mais aussi les spectateurs dans leur loge. Jusqu’au milieu du XVIIIe siècle, les théâtres sont encore rares. Les troupes, généralement itinérantes, donnent leurs représentations dans des lieux improvisés : salles de jeu de paume – rectangulaires – ou auberges : on entend et on voit plus ou moins bien.

Une salle en « bleu Montansier » :

Si aujourd’hui la plupart des théâtres anciens sont rouges, c’est parce qu’ils ont été construits – ou au moins redécorés – au XIXe siècle. Le rouge, couleur de la passion, dominait alors dans les salles de spectacle, tranchant sur l’habit noir des messieurs. Et le répertoire du XIXe siècle ne manquait pas de sentiments exacerbés. En témoignent dans l’exposition deux tableaux de Louis Léopold Boilly, provenant du musée Lambinet, décrivant l’effet du mélodrame sur le public. Mais au XVIIIe siècle, la faveur allait au bleu clair, blanc et or qui s’accordaient aux toilettes et perruques poudrées – tant féminines que masculines. Le Montansier a, soulignons-le, connu sa période rouge au XIXe siècle, et retrouvé ses tonalités d’origine dans les années 1930. Les derniers grands travaux datent des années 1990, lui rendant un rideau de scène inspiré de celui du XVIIIe siècle : une ouverture sur le bassin de Neptune dans les jardins du château.
Exposition ouverte du mardi au samedi, de 14h. à 18h. Jusqu’au 2 décembre 2017. Accès gratuit. Notons que cette exposition met également en lumière une autre grande directrice du Montansier, Marcelle Tassencourt (1914-2001).
Pour plus d’info :
http://www.versailles.fr
http://www.theatremontansier.com/