Militaire et écrivain, proche de Marie-Antoinette, Besenval a été emprisonné sous la Révolution. Son intérieur est, en 1791, complètement démodé : assis sur une bergère à oreilles Louis XV, le baron s’appuie sur une cheminée aux lignes également Louis XV. Seul le chenet, aux lignes droites, couronné d’un vase antiquisant, évoque l’engouement d’alors pour l’Antiquité. Les céladons enrichis de bronzes dorés, posés sur la tablette de la cheminée, rappellent l’exemple précédent.
Le rôle du marchand mercier est capital dans ces opérations de transformation. Il achète l’objet, en imagine la monture – en collaboration plus ou moins étroite avec un ornemaniste –, la fait réaliser puis vend « sa » création à un riche amateur. Il contribue ainsi à forger le goût de ses contemporains tout en participant au développement économique de la France des Lumières. Pour utiliser un vocabulaire aujourd’hui familier, le marchand mercier était donc un mélange de décorateur et de designer, et même, à l’occasion, d’antiquaire. « Faiseur de rien », réellement ? Au moins faiseur de tendances !