Le faubourg Saint-Antoine
Des ateliers hors du système corporatif
À Paris, il existait quelques endroits où les artisans pouvaient, moyennant le paiement de redevances, travailler librement, c’est-à-dire sans se soumettre aux règles de la corporation. Le plus célèbre de ces lieux était le faubourg Saint-Antoine.
Ce faubourg se construit à partir des années 1630 au-delà de l’enceinte de Charles V et de la forteresse de la Bastille. Auparavant, c’était la campagne, seuls quelques maisons et des moulins s’étaient construits autour de l’abbaye Saint-Antoine-des-Champs. En 1657, des lettres patentes autorisent le travail libre sur ces terres ; « libre » signifiant « indépendamment des corporations ». Les artisans qui, pour diverses raisons, ne font pas partie d’une corporation, peuvent ainsi y travailler librement. À leur arrivée à Paris, les ébénistes étrangers qui, par définition ne peuvent pas déjà faire partie de la corporation parisienne, s’y installent. N’étant pas soumis aux mêmes frais que les membres de la corporation, ces artisans produisent à meilleur marché ; une aubaine pour les marchands. La corporation, elle, supporte mal cette indépendance. Les membres de la jurande ont quand même un droit de visite sur les terres privilégiées afin de contrôler la qualité de ce qui s’y produit, percevant à cette occasion une taxe de visite. Les meubles jugés mauvais peuvent être saisis. La liberté dont jouissent les artisans hors système est donc à relativiser. D’ailleurs, au cours du 18e siècle, de plus en plus d’ébénistes se font admettre au sein de la corporation, plus ou moins contraints par celle-ci ; pour avoir la paix en quelque sorte.