Splendeurs persanes au Louvre-Lens
Sandrine Zilli, diplômée en histoire de l'art – école du LouvreUne superbe exposition – dont la scénographie est signée Christian Lacroix – nous fait entrer dans un palais persan du XIXe siècle. Ce site étant consacré au mobilier, intéressons-nous aux sièges des shahs qajars.
Iran, fin du XVIIIe siècle : les Qajars s’imposent et fixent leur capitale à Téhéran. Le pays s’ouvre aux influences occidentales ; et, après une période de déclin politique, redevient une puissance qui compte dans les relations internationales :

François-Henri Mulard, « Napoléon Ier recevant l’ambassadeur de Perse au château de Finkenstein en avril 1807 », huile sur toile, 1810, musée national des châteaux de Versailles et de Trianon ©RMN-GP (Château de Versailles) /Franck Raux.
L’ambassadeur de Perse s’incline devant l’empereur – en pleine lumière dans l’embrasure de la porte. Au château de Finkenstein, la France s'engage à soutenir la Perse face à la menace russe, tandis que le shah s'engage à expulser tous les Britanniques de son territoire. Ce traité ne sera finalement pas concrétisé.

Césarine Davin, « portrait d’Ashan Khan, ambassadeur d’Iran France », huile sur toile 1809, musée du Château de Versailles et du Trianon ©RMN-GP (Château de Versailles) /Gérard Blot
En Perse, comme ailleurs en Orient, on s’assoit traditionnellement au sol, recouvert d’un beau tapis. C’est le cas d’Ashan Khan, assis sur ses genoux. Coiffé d’un haut turban et poignard à la ceinture, il tient une longue canne – symbole d’autorité – et un chapelet – symbole de piété. Lors de son séjour en France, en 1808, Ashan Khan a enthousiasmé la cour et les élites parisiennes. Il a aussi été le premier Iranien initié à la franc-maçonnerie.

Mihr Ali (attribué à) « Portrait de Fath Ali Shah (1797-1834), huile sur toile, Téhéran, vers 1805, musée du Louvre © RMN-GP (musée du Louvre) /Hervé Lewandowski
Taille de guêpe et barbe abondante, le shah Fath Ali trône sur un splendide siège d’ébénisterie, placé devant une fenêtre de son palais. C’est à partir de son règne que des influences européennes se font sentir en Iran. Ce portrait – offert à Amédée Jaubert, représentant de Napoléon Ier en 1806 – en est un exemple. Il s’agit d’un tableau de chevalet tel que les Européens en peignaient depuis des siècles, mais le style très minutieux reste imprégné de l’art séculaire de la miniature persane. Superbe illustration des savoir-faire artisanaux : l’œil peine à distinguer le travail d’ébénisterie de celui de l’orfèvrerie.

Détail du portrait du Shah Nasir al-Din, encre et couleurs sur papier, vers 1855, musée du Louvre ©RMN.
Le long règne de Nasir al-Din (1848-1896) a vu l’apparition de la photographie et sa rapide diffusion parmi les élites. La composition de ce portrait – souverain debout, main droite appuyée sur une chaise, le regard fixant l’objectif – est d’ailleurs inspirée d’une photographie. Ce modèle de chaise noire, légère et élégante, se trouvait en grand nombre dans les salons Napoléon III.
Cette exposition est à découvrir au Louvre Lens jusqu’au 23 juillet 2018 :
https://www.louvrelens.fr/exhibition/lempire-des-roses/?tab=informations-pratiquesOuvrage consulté :
L’Empire des Roses, catalogue d’exposition sous la direction de Gwenaëlle Fellinger, coédition Snoeck/Louvre-Lens, 400 p., 39 €