La filature Terrade, la laine avant son utilisation
Sandrine Zilli
sandrine@histoiredumobilier.com
Au-delà de la réalisation de superbes tapisseries, le sud de la Creuse a su créer tout un écosystème économique et culturel fondé sur le secteur de la laine. En témoigne la manufacture Terrade, installée depuis 1913 à Felletin, l’autre ville de la tapisserie (voir Aubusson).

Laine exposée à l’air à son arrivée à la manufacture Terrade © Creuse Tourisme Pour la laine chinée, la teinture se fait en deux fois : une première teinte avant le cardage, une autre après, ce qui explique que cette laine, pas encore passée par la filature, a déjà reçu une teinture.
De la fibre brute au fil solide
Préparation, cardage, torsion du fil simple, assemblage, retordage, mise en écheveau, dégraissage, teinture et séchage… Nombreuses sont les étapes nécessaires à l’obtention d’un fil résistant qui permettra, entre autres, le tissage de tapisseries en Creuse.

Première étape : les fibres passent dans le batteur © Creuse Tourisme

Après le batteur, le loup © Manufacture Terrade
La laine arrive à la filature Terrade triée, lavée, mais compressée par le transport. Les fibres ont besoin de respirer. Elles sont donc aérées grâce à un batteur dans lequel elles passent deux fois d’affilée. Puis elles sont placées sur le loup, un cylindre muni de petites dents, qui continue à les ouvrir. La laine se transforme alors en flocons, prêts pour l’étape suivante, la plus longue, le cardage.

La carde de la manufacture Terrade © Creuse Tourisme
Sur la carde, la laine s’étire, s’affine, s’allonge. Une centaine de kg de fils passe chaque jour entre ces rouleaux munis d’aiguilles, grosses et espacées au début du processus, puis de plus en plus fines. Mesurant plus de 20 m de long, la carde est une machine particulièrement imposante.
Cependant, le fil obtenu n’est pas encore solide – on parle de « pré-fil » qu’il faut renforcer. Direction : le continu à filer, autre machine imposante où chaque bobine enroule un seul fil. Puis, l’assembleuse réunit plusieurs fils parallèles, parfois jusqu’à dix – le nombre dépend de la demande du client. Enfin, le tordoir donne à ces fils leur résistance définitive.

Le continu à filer © Creuse Tourisme

Le continu à filer © Creuse Tourisme
On obtient alors des écheveaux, envoyés à l’atelier de teinture. Dans les bains successifs – eau savonneuse pour nettoyer, puis teintes colorées –, trois teinturiers expérimentés mettent en couleur, chaque jour, jusqu’à 200 kilos de laine. Après essorage et séchage, le fil est prêt à l’emploi, livré sous forme de cônes.
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