George, l'hommage d'Aubusson à la dame de Nohant
Sandrine Zilli
sandrine@histoiredumobilier.com
L’année prochaine marquera le 150e anniversaire de la mort de George Sand (1804-1876). Une étonnante tapisserie est actuellement tissée en son honneur par des licières de la manufacture Robert Four à Aubusson, sur une composition de l’artiste Françoise Pétrovitch, et ce, à l’initiative de la Cité internationale de la tapisserie. Tombée de métier prévue au printemps 2026 !

Pierre Auguste Charpentier, « George Sand », huile sur toile, 1838 ; Paris, musée de la Vie romantique
« La liberté de penser et d’agir est le premier des biens ».
George Sand, lettre à sa mère, mai 1831
Libre et audacieuse
Née à Paris en 1804, Aurore Dupin passe son enfance au domaine de Nohant, dans le Berry, auquel elle restera attachée toute sa vie. Devenue baronne Dudevant par mariage, mère de deux enfants, la vie domestique l’étouffe rapidement. En 1831 – elle a vingt-sept ans –, elle part à Paris afin d’y faire carrière dans les lettres. Prendre un pseudonyme s’impose ; elle le choisit judicieusement à consonance masculine. Rompant avec la vie de contraintes des femmes de son temps, sa vie est jalonnée de succès littéraires, de voyages, de passions amoureuses et d’engagements politiques, notamment lors de la Révolution de 1848.

Françoise Pétrovitch, « Hommage à George Sand », détail de l’œuvre originale, lavis d’encre sur papier © Cité de la tapisserie, Aubusson
Une déambulation recto verso
Pour rendre hommage à celle qui a tant détonné, choqué, en bravant les conventions de son temps, rompre avec la tradition était une évidence. L’habituelle tapisserie suspendue au mur laissera donc la place à un ruban au format spectaculaire (23 m de long sur 2,15 m de haut), installé à hauteur de regard. Le spectateur sera ainsi invité à déambuler le long du recto puis du verso de cette installation textile. « […] vingt-trois mètres d’émotions visuelles, traduites en laine, évoquant ma George Sand ». Françoise Pétrovitch raconte, en pastel et lavis, des « éclats de vie » : la chevelure noire si reconnaissable de l’écrivaine, fumeuse sûre d’elle, amoureuse de la nature.

Françoise Pétrovitch, « Hommage à George Sand », détail de l’œuvre originale, lavis d’encre sur papier © Cité de la tapisserie, Aubusson
Ces dimensions exceptionnelles ont nécessité d’adapter le métier à tisser. Normalement, les fils de chaîne sont tendus entre deux rouleaux (les ensouples). Au fur et à mesure de l’avancée du travail, la tapisserie s’enroule sur l’ensouple inférieure, sur laquelle il est évidemment impossible d’enrouler 23 mètres de tissage. Les licières ne pourraient plus accéder à leur travail. Une troisième ensouple a donc été ajoutée, mais interdiction d’en prendre une photo pour l’instant !
George Sand venait régulièrement en Creuse, notamment au château de Boussac où, la première, elle a remarqué une superbe série de tapisseries médiévales : la tenture de la Dame à la Licorne. La Creuse se devait de lui rendre hommage. Rendez-vous en juin prochain pour découvrir l’ensemble !
Pour en savoir + sur la manufacture Robert Four
À suivre : Nadia Petkovic, créatrice de couleurs à Aubusson