La maison impressionniste d’Argenteuil (lieu dédié Monet et à l’histoire de l’impressionnisme et d’Argenteuil)  a ouvert ses portes à la mi-septembre 2022. 

Crépi rose, volets verts et balcons de bois

Claude Monet, qui habitait Argenteuil depuis 1871, a emménagé dans cette charmante maison en 1874, avec sa compagne, Camille, et leur petit garçon Jean ; Michel naîtra quelques années plus tard. C’est une époque de bonheur familial et de relative aisance matérielle pour Monet : le riche négociant Ernest Hoschédé lui achète des toiles. Mais, en 1878, face à la faillite de son mécène, Monet doit quitter la belle maison d’Argenteuil pour Vétheuil (où Camille mourra) et enfin Giverny.

 

L’intérieur de la maison a retrouvé son agencement d’origine (de petites pièces), ses parquets et ses carrelages anciens, ses lambris bas et ses moulures. Les meubles évoquent ceux d’une famille aisée de cette époque et un dispositif numérique invite le visiteur à ouvrir les tiroirs ou à appuyer sur un bouton qui déclenche l’apparition de tableaux impressionnistes. Dans le miroir de la coiffeuse par exemple apparaît le visage de Camille, par les fenêtres du bateau-atelier de Monet, des vues d’Argenteuil.

Argenteuil, un des lieux de naissance de l’impressionnisme

Le bourg est alors en pleine mutation. Encore très champêtre – on y cultive notamment les asperges, les figues et la vigne –, il bascule rapidement dans l’ère industrielle. Le monde moderne faisant son irruption dans la nature compte parmi les thèmes de prédilection de Monet, qui a peint 159 tableaux à Argenteuil. Les bords de Seine et ses guinguettes attirent nombre de Parisiens à la belle saison ; les plus aisés se font même construire une maison pour y venir en villégiature. Monet s’est d’ailleurs installé à deux pas de la gare d’Argenteuil, ce qui lui permettait de rejoindre rapidement la capitale, par la gare Saint-Lazare qu’il a peinte à maintes reprises.

   

La maison impressionniste d’Argenteuil : 21, bd Karl-Marx, 95100 Argenteuil. Pour plus d’information sur les horaires (attention : réservation obligatoire) : maison.impressionniste@ville-argenteuil.fr  / 01 34 23 45 34

 

Éclairage sur l’impressionnisme, un style audacieux, voire scandaleux

Pourquoi peindre la nature et la vie quotidienne était-il si audacieux à l’époque de Claude Monet ?
Dans les années 1860, quand Claude Monet commence à présenter ses œuvres, règne encore la peinture académique fondée sur la hiérarchie des genres. Certains sujets sont jugés nobles (l’Histoire), d’autres beaucoup plus communs (la nature morte).
La peinture d’histoire est le genre prestigieux par excellence. Peindre les hauts faits de l’Antiquité, de la mythologie ou de la religion, de préférence avec une touche lisse, permet d’accéder à la notoriété et aux commandes publiques. Le paysage est surtout apprécié quand il sert de cadre à une scène historique, mais un paysage pour lui-même ne présente guère d’intérêt. Les trains lancés à toute vapeur, les cheminées d’usine ou encore les régates se disputant sur la Seine, zébrée d’un pont métallique, déroutent nombre d’amateurs. De même, la touche fragmentée d’un Monet ou d’un Renoir relève, aux yeux de leurs contemporains, plutôt de l’esquisse. On accuse ces jeunes artistes de peindre des sujets sans intérêt, dans un style brouillon.
Pour se faire connaître, un artiste doit exposer au Salon officiel. Or, les œuvres sont sélectionnées par un jury noyauté par les tenants de la peinture académique. Il est donc difficile pour Monet, Renoir, Berthe Morisot et bien d’autres d’exposer, d’où leur décision d’organiser une exposition indépendante, en 1874. Elle se tient boulevard des Capucines à Paris, dans le studio du photographe Nadar. Monet y présente Impression, soleil levant qui donnera naissance au terme « impressionniste », à l'origine péjoratif. Ces jeunes artistes sont longtemps moqués ; peu admirent cette « poésie des gares » évoquée par un jeune romancier et critique d’art, lui aussi encore inconnu, Émile Zola.

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