Le dressoir, le meuble de l’orgueil social

Le dressoir est un meuble de rangement composé de deux casiers fermant à clé. Sa partie inférieure est évidée ; ses pieds reliés par une tablette d’entrejambe sur laquelle on peut placer des objets de valeur.
Comme les coffres, les dressoirs sont ornés de motifs gothiques – plis de serviettes, arcatures –, auxquels se substituent peu à peu au 16e siècles des ornements Renaissance – grotesques, profils en médaillon.
Le dressoir est un meuble fait pour afficher ostensiblement le rang élevé et la richesse d’une personne.
La scène se déroule dans un intérieur luxueux. Très élégamment vêtu de noir et d’or, le duc de Bourgogne arbore, comme plusieurs membres de sa suite, le collier de l’ordre de la Toison d’or. Il est assis sur un long banc richement sculpté garni d’une étoffe et de carreaux (coussins) rouges. À l’arrière-plan on distingue un dressoir dont un des vantaux est ouvert. Sur ce dressoir, comme sur l’étagère qui le surmonte, est exposée de la vaisselle d’or. Le sol est recouvert de carreaux de faïence très décoratifs.
La richesse de cette famille est indiquée par l’imposant dressoir du fond, garni d’une abondante vaisselle de métal : aiguières sur la tablette d’entrejambe, plats et bouteilles sur le gradin.
Un dressoir était fréquemment présent dans les chambres luxueuses. Rappelons que le maître de maison recevait dans sa chambre, souvent la pièce la mieux chauffée du château ou de l’hôtel particulier. La chambre n’était pas une pièce réservée à l’intimité.
Lors d’un banquet, le dressoir est installé près de la place du seigneur.
Nous assistons au banquet d’une union aristocratique. La mariée a pris place entre son époux et sa demoiselle d’honneur. Le dressoir, installé tout près du mari, affiche sa richesse et par conséquent sa puissance. Notons que le luxe de cette pièce tient en grande partie aux étoffes : dais magnifiant la table d’honneur – celle des mariés –, tapis sur la tribune des musiciens, nappes blanches dissimulant les tables – de simples planches posées sur des tréteaux.
Les tables ne sont que de simples planches posées sur des tréteaux que l’on monte en prévision du repas – d’où l’expression « dresser la table » – et que l’on démonte après.
Il faut être prudent concernant la datation des meubles « médiévaux ». Le dressoir du musée Dobrée par exemple, indéniablement de style gothique, a en fait été fabriqué au 19e siècle – siècle qui a redécouvert le Moyen Âge et l’a réinterprété.